• Tous les American Terriers ne sont pas des Pitbulls


    WHAROL AMSTAFF
     



    Il était ambulancier en région parisienne. Aujourd'hui, Francis Marchal vit à Bourdonnay et élève des American Staffordshire Terriers, sosies des tristement célèbres Pitbulls.



    Un beau matin, Francis Marchal est arrivé à Bourdonnay, avec sa bonne humeur et ses compagnons à quatre pattes. « Tiens, il y a un gars qui a acheté une maison et qui va élever de chiens », a-t-on rapporté au village. Personne n'a réagi ; il est là depuis plus d'un an. « Un type sérieux qui aime les bêtes, ça se voit », reconnaît le maire, M. Picard.



    Dans le voisinage, pas le moindre commentaire sur la « gueule » des chiens ; ailleurs, on les regarderait de travers. « Mais ici, un chien, c'est un chien », ajoute M. Picard, « On ne se plaint pas car depuis qu'il sont là, il n'y a plus ni belettes ni fouines dans le voisinage ! »
    Fiché à la centrale canine, l'élevage Freedom forever  s'est spécialisé dans l'American Stanffordshire Terrier. Tous les pensionnaires possèdent papiers et pedigree. La noblesse de leur origine contribue à leur excellente réputation. Pour leur beauté et l'esprit de l'éleveur, les chiots nés chez Francis Marchal partent comme des petits pains dans les quatre coins de France, car les amateurs sont plus nombreux qu'il n'y paraît. Difficile à croire lorsque l'on connaît la mauvaise réputation de leurs redoutables sosies, les Pitbulls.



    L'appréhension existe.



    Ce mot fait bondir le jeune éleveur : « Mes protégés n'ont rien à voir avec ces « clandestins » qui d'ailleurs, n'appartiennent à aucune race reconnue, et ne font l'objet d'aucun standard morphologique. Les « Pit » hantent les quartiers mal famés des grandes villes, ils n'ont rien à faire à la campagne », se défend-il. Mais la confusion existe, l'appréhension aussi. Quand il les promène dans les rues de Nancy, le regard méfiant et accusateur que les passants portent parfois sur le bout de sa laisse en dit long.



    A Bourdonnay, ses « American Staff” cohabitent sereinement par boxes de deux, avec quelques Dogues de Bordeaux, Bullmastiffs, Eurasiers et Bergers du Caucase. Les seuls signes d'agressivité s'adressent à leurs congénères ; leur endurance et leur capacité à rester insensibles à la douleur sont légendaires. On leur reproche aussi de ne pas réagir aux signes d'apaisement. Francis Marchal ne partage pas ce point de vue et déploie beaucoup d'énergie pour mettre en avant leurs qualités : « Les miens sont affectueux, agiles, reconnaissants et équilibrés. De parfaits animaux de compagnie, dotés d'un pouvoir de dissuasion, ce qui n'est guère négligeable par les temps qui courent ». L'éducation-on s'en doute-reste déterminante : "  J'adhère à des principes de base valables pour les enfants, et les clients sont satisfaits du résultat."



    Concours de beauté.



    Parfois, un amateur recherchant un animal agressif, si possible avec « mordant », le sollicite. Francis Marchal aime trop ses chiens pour les mettre dans ces mains animées d'intentions pour lesquelles il ne souscrit pas ; ce genre d'  « affaire » n'aboutit jamais : « Je vends mes chiots pour des gens qui veulent un American pour son look et sa gentillesse ». Comptez entre 4500 et 5000F quand même par truffe.



    Choisir un Pitbull n'a rien d'innocent, car l'animal est génétiquement prédisposé à attaquer s'il est dressé dans ce but. Quand il faut désigner un coupable, on se trompe de cible. « C'est un problème de société, pense l'éleveur, il est plus difficile d'amener un chien à être gentil avec tout le monde que de le laisser faire à sa guise. Les coups de bâton n'existent pas chez moi ; quand il faut rétablir le calme dans les boxes, je brandis le tuyau d'arrosage... Cela suffit à les faire taire ».



    De temps en temps, Faust, l'étalon de l'élevage, ou Bullit, se font une petite beauté et vont rafler un prix ou deux dans les concours de la région. Cette facette de l'élevage canin procure beaucoup de satisfaction au jeune homme. Si vous souhaitez voir ses « Pit », vous trouverez porte close. Mais si vous souhaitez découvrir une race de chien stable et bien dans sa peau... Francis Marchal vous fera les honneurs des lieux.








    Comme une étiquette qui colle à la peau



    Les propriétaires d'American Staffordshire Terriers ont conscience de posséder un chien que tout le monde prend pour un Pitbull. Ni marginaux et encore  moins bandits de grands chemins, ils aiment leur compagnon à quatre pattes pour ce qu'il est. Pourquoi avoir choisi ce chien plutôt qu'un autre ? Nous en avons interrogés quelques uns.



    La Courneuve en région parisienne : un amateur de body-building possède Igary, un petit mâle âgé de dix mois qui s'ennuie à mourir ; son maître vient de réserver un chiot femelle chez Francis Marchal. « Je n'ai pas choisi un caniche car cela ne correspond pas à mon personnage, justifie-t-il, l'American Staff est un chien dominant qui me plaît. Et tant pis pour les gens qui jugent l'animal par rapport à ce qu'ils ont lu dans les journaux ou vu à la télévision ».



    Selon lui, n'importe quel chien peut être agressif, mais reconnaît : « Les gens s'écartent d'avantage sur mon passage que si j'avais un Yorkshire au bout de la laisse ! ».



    Colombe, près de Paris : cet autre propriétaire a été séduit par la puissance et par le côté câlin de l'American Staff. « On me demande tout le temps si c'est un Pit, et on s'étonne de voir qu'il aime les caresses et qu'il est doux comme un agneau ! ».



    Annecy : il travaille dans une société de gardiennage. Déjà propriétaire d'un Doberman, il a été séduit par les dispositions naturelles de l'American Staff à protéger et obéir. « Je ne l'ai pas éduqué à la garde mais à la défense », nuance-t-il, estimant en outre que la mauvaise réputation de la race est déplacée. Et ajoute : « Mon entourage pense que c'est un Pitbull ! »


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